Histoire et politique : la généalogie des interdictions
La première grande vague d’interdiction des cépages en Europe remonte à la crise du phylloxera à la fin du XIX siècle. Ce minuscule puceron venu d’Amérique dévaste alors près de 70 % du vignoble français entre 1863 et 1890 (source : La Revue du Vin de France). Sous le choc, la France importe massivement des cépages américains, naturellement résistants, et tente divers croisements — donnant naissance à des hybrides robustes, mais dont la qualité gustative prête, à l'époque, à débat.
Mais la peur ne tarde pas à se muer en méfiance : ces nouveaux raisins, jugés rustiques et parfois responsables de vins jugés "médiocres" ou "aux goûts foxés", sont vite dans le viseur du législateur. En 1934, la France adopte une première liste de cépages interdits (Noah, Othello, Clinton, Jacquez, Isabelle, Herbemont), accusés, parfois à tort, de produire des vins potentiellement dangereux pour la santé (liés à la présence de méthanol, par méconnaissance scientifique de l'époque). Cette méfiance s’enracine dans l’imaginaire collectif, bien après que la science ait corrigé le tir (source : Institut national de l’origine et de la qualité – INAO).