Cépages oubliés, racines profondes : héritage ou avenir ?
Avant tout, qu’appelle-t-on “cépages oubliés” ? Ce sont des variétés autrefois cultivées à grande ou moyenne échelle, parfois reléguées aux marges par la standardisation, la crise du phylloxéra (fin XIXe), ou la recherche de productivité. Leur nom fleure souvent l’ancien régime – Oeillade, Chichaud, Ribeyrenc, Téoulier, Picardan, ou encore les mystérieux Plant Droit et Aramon noir, jadis rois du Languedoc.
L’existence de ces cépages est d’abord une archive vivante. En 1828, la France recensait plus de 400 cépages cultivés – ils ne sont plus qu’une quarantaine aujourd’hui en production significative (Vitisphere). Au plan mondial, la FAO estime que 11 000 variétés de vignes peuplent la planète, mais à peine 1 % sont exploitées pour la production commerciale.
Ces variétés, parfois hybrides, parfois indigènes, étaient porteuses de saveurs, de résistances naturelles, de liens avec les terroirs. Leur disparition, c’est bien plus que la perte d’un goût ; c’est un effacement collectif de l’histoire, des gestes, des adaptations ancestrales.